Quand l'intestin va, tout va ... Mais qui n'a jamais souffert de douleurs intestinales, de flatulences, de ballonnements, de constipation ou de diarrhée ?
Notre système digestif comprend 6 organes : foie, estomac, vésicule biliaire, pancréas, intestin grêle et gros intestin.
L'écosystème intestinal repose sur un trépied constitué par la flore, la muqueuse de l'intestin grêle et le système immunitaire digestif. Si l'un de ces éléments est perturbé, les autres le sont aussi car ils agissent en synergie. L'intestin est le système le plus fragile de notre organisme. On connait son rôle important sur la santé depuis les travaux d'Elie Metchnikoff, ce scientifique russe qui mit au point un régime alimentaire à base de lait fermenté par une bactérie, sur le modèle des laitages adoptés par les populations bulgares.
Le microbiote intestinal : un organisme à part entière
La flore intestinale, désignée désormais sous le nom de microbiote, abrite 100 000 milliards de bactéries, soit dix fois plus que le nombre total des cellules de notre organisme. Ces bactéries sont nos amies !
Le rôle des bifidobactéries ? Quand tout va bien : favoriser le transit intestinal, dégrader le cholestérol, synthétiser les vitamines du groupe B et la vitamine K nécessaire à la coagulation, assurer un effet barrière contre les germes indésirables en maintenant l'intégrité de la muqueuse intestinale, influer sur le système immunitaire, produire de l'énergie par la fermentation des aliments non digérés par l'intestin grêle.. Et plus encore certainement. Les prochaines études nous le diront.
Notre microbiote est unique, un peu comme le sont nos empreintes digitales. Un tiers de la flore est commune à tous et deux tiers nous sont propres. Le microbiote intestinal se modifie tout au long de la vie sous l'influence de l'environnement et de l'alimentation. Une étude du Pr Haro démontre que les patients obèses qui suivent un régime de type méditerranéen ont vu leur insulinorésistance s'améliorer par cette diète qui a modifié favorablement leur flore. Selon les travaux de Rémy Burcellin et Matteo Serino (INSERM Toulouse), la flore intestinale pourrait orienter le métabolisme vers un diabète. Selon le type de bactéries intestinales dominantes (plus de bactéroïdetes ), on pourrait prédire ce risque métabolique. Les fibres alimentaires et les gluco-oligosaccharides empêcheraient cette dérive diabétique.
L'axe intestins-cerveau
Il y a autant de neurones dans les intestins que dans le cerveau et la communication entre le cerveau et les intestins est permanente. C'est la raison pour laquelle on dit que les intestins constituent le "deuxième cerveau". Ils disposent de leur propre système nerveux, indépendant de celui du cerveau : le système nerveux entérique, réparti sur toute la longueur du tube digestif. Mais ces neurones ne sont pas protégés d'une gaine de myéline comme ceux du cerveau.
Les effets réciproques entre microbiote et cerveau sont étonnants. Notre flore intestinale influence notre comportement, nos humeurs et notre façon de nous alimenter. Elle est impliquée notamment dans la dépression, les maladies neuropsychiatriques et l'autisme. Aujourd'hui, les recherches se concentrent sur les psychobiotiques susceptibles de réguler le stress, l'anxiété, les maladies psychiatriques et d'agir aussi sur les maladies neurodégénératives : Alzheimer et Parkinson.
Quand ça va mal ...
Le déséquilibre du microbiote intestinal (dysbiose) conduit à l'inflammation dite de bas grade (sans bruit). Les symptômes les plus courants sont la diarrhée, mais aussi le surpoids, les maladies cardio-métaboliques, les maladies auto-immunes ...
Le système entérique des patients souffrant de la maladie de Parkinson présente d'importantes anomalies laissant sous-entendre que le diagnostic de cette maladie dégénérative pourrait être posé très en amont, en observant l'intestin.
La flore du bébé n'est pas celle que l'on croyait ...
Très longtemps, on a cru que le côlon du fœtus était stérile jusqu'à la naissance. Or une équipe de chercheurs espagnols a démontré que cette flore contient des bactéries dont la composition dépend de l'alimentation de la mère pendant la grossesse. Cette flore s'enrichit ensuite en lien avec l'environnement de l'enfant, d'où l'intérêt de nourrir le bébé au sein pour le développement de bifidobactéries et de lactobacilles bénéfiques. Le nourrisson nourri au lait animal ne bénéficie pas de la même flore protectrice. L'accouchement par césarienne ralentit l'installation d'une flore eubiotique (favorable).
A deux ans, l'enfant dispose de sa flore "d'adulte". La prise d'antibiotiques précoce et répétée altère cette flore et peut générer des allergies et de l'asthme. Une flore appauvrie est également propice à la dermatite atopique. Il est conseillé à la femme enceinte des cures de probiotiques tout au long de sa grossesse et surtout lors des trois derniers mois. Pendant l'allaitement, ces probiotiques peuvent être placés sur le mamelon permettant au bébé de les absorber lors des tétées.
La muqueuse de l'intestin grêle : à protéger !
Extrêmement fine, cette muqueuse est adaptée à l'absorption des nutriments. Sa longueur comparée à celle d'un terrain de tennis par les villosités qui la tapissent offre une vaste surface d'absorption. Zone d'échanges entre l'organisme et le milieu extérieur, elle assure une fonction de barrière empêchant le passage dans le milieu intérieur des toxines, des protéines alimentaires insuffisamment digérées et des pathogènes. Elle est formée d'entérocytes, une monocouche de cellules jointives reliées entre elles par des jonctions protéiques serrées. C'est une zone d'échanges qui agit comme un "filtre à café", pour bien assimiler les macro et les micronutriments.
Lorsqu'il y a altération de la muqueuse, c'est le leaky gut syndrom. Ce syndrome de l'intestin poreux est fréquent et les causes sont multiples : stress mal géré, alimentation déséquilibrée, recours répété aux antibiotiques surtout dès la petite enfance, médication lourde (chimiothérapie) ...
Le passage anormal de peptides non digérés à travers la muqueuse intestinale poreuse participe, selon les prédispositions génétiques, à un dysfonctionnement digestif et à des troubles à distance : tendinites, infections ORL à répétition, migraines, maladies auto-immunes ... Les cellules M contenues dans les entérocytes autorisent un passage contrôlé de macromolécules à travers la muqueuse intestinale. Elles déclarent tolérantes ou pas les substances qui lui sont présentées. Si des macromolécules passent la barrière digestive alors qu'elles sont déclarées intolérantes, des molécules inflammatoires (cytokines) sont produites.
Pour le Pr Vincent Castronovo, "le leaky gut syndrom est probablement la cause méconnue principale de la majorité des maladies chroniques".
Probiotiques ou prébiotiques ?
Selon la définition donnée par l'Organisation Mondiale de la Santé, les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui, lorsqu'ils sont administrés en quantités adéquates, exercent une action bénéfique sur la santé de l'hôte. Ils doivent contenir de 3 à 5 souches différentes.
Les prébiotiques sont des substances alimentaires résistantes à la digestion et qui induisent des changements spécifiques dans la composition du microbiote intestinal en produisant un effet bénéfique sur l'hôte en nourrissant le microbiote.
En clair, nous avons besoin de probiotiques et de prébiotiques pour conserver une bonne flore intestinale. On parle alors de symbiotiques.
Si ces produits de santé naturelle sont de plus en plus utilisés, la mise en place d'une réforme alimentaire participe d'abord au maintien d'une flore eubiotique. C'est le premier moyen naturel pour se protéger.
Parmi les prébiotiques alimentaires : topinambours, asperges, artichaut, ail, poireaux, oignons, salsifis, pain de seigle, chicorée, banane peu mûre. Si leur consommation vous fait mal au ventre, c'est que la flore n'est pas adaptée ... A ce moment là, vous pouvez demander conseil à votre naturopathe et même avant ...
Sylvie SIMONNET - Naturopathe certifiée -micronutritionniste