Pollution environnementale : des conséquences multigénérationnelles
70 à 90 % des maladies chroniques actuelles seraient causées directement ou indirectement par les pollutions environnementales, si bien qu'une nouvelle pratique médicale a vu le jour : la médecine environnementale.
Perturbateurs endocriniens : tous concernés !
Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP), dérivés organo-halogénés (dioxines et PCB), phtalates, pesticides, additifs alimentaires … font partie de notre environnement sous le vocable de perturbateurs endocriniens. Aucun organe n'est épargné par ces contaminants susceptibles de générer des troubles de la reproduction, des maladies métaboliques, un risque aggravé d'AVC avec des contaminations souvent post-natales et fœtales.
Le 26 juillet 1991, les scientifiques réunis à Wingspread ont donné une première définition des perturbateurs endocriniens, reprise par l'OMS en 2002 : "des substances chimiques d'origine naturelle ou artificielle, étrangères à l'organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien, avec effets délétères possibles sur l'organisme ou ses descendants". Dès 2009, un changement de paradigme a remis en cause le principe édicté par Paracelse au 19e siècle selon lequel "la dose fait le poison". Avec les perturbateurs endocriniens, c'est la période d'exposition qui fait le poison ! Attention aux femmes enceintes, à la période fœtale et la vulnérabilité renforcée également lors de la petite enfance et l'adolescence.
L'exposome : kesako ?
Ce sont les atteintes à la santé tout au long de la vie, qui ne sont pas génétiques et qui sont liées à l'environnement et aux causes économiques et psycho-sociales. Ce concept a été validé par la loi Touraine, en vue de protéger les populations contre les contaminations environnementales. Même à faibles doses, les polluants agissent sur l'organisme par effet cumulatif.
La lutte contre les maladies chroniques se joue aussi sur le terrain de l'environnement
Les maladies chroniques, comme le diabète de type 2, l'obésité et certains cancers, ont une incidence croissante depuis 1950 au sein de toutes les tranches d'âge …
Aujourd'hui, le cancer n'est plus exclusivement une maladie de la personne âgée, car les enfants y sont de plus en plus exposés. Un grand nombre de polluants en serait responsable, en traversant la barrière placentaire et en contaminant l’embryon. Ils se concentrent dans le tissu graisseux et se retrouvent dans le lait de la mère qui allaite.
En Europe, un enfant sur sept est asthmatique, maladie aggravée par la pollution des villes et des habitations.
L'exposition à certains produits chimiques est à l'origine de l'augmentation des malformations congénitales. La Fédération internationale de gynécologie et obstétrique souligne la responsabilité de polluants de l'environnement sur les risques d'enfants "pré-pollués", in utero, et sur les troubles de la fertilité (Lettre Médecine du sens n°88).
L'hyperactivité et le déficit d'attention (THADA) dont souffre un nombre croissant d'enfants est à mettre en lien avec la pollution de la chaîne alimentaire et environnementale.
La stérilité, en particulier masculine, est en augmentation dans les pays fortement industrialisés.
Une étude américaine menée sur 1,7 millions d'anciens combattants a révélé que 14 % des nouveaux cas de diabète de type 2 étaient dus aux particules fines qui altèrent les récepteurs à l'insuline, les rendant moins efficaces. La pollution aérienne participe également aux incidents cardio-vasculaires et entraine de nombreux décès prématurés. The Lancet Planetery Health juillet 2018
Des métaux sous surveillance
L'intoxication chronique aux métaux lourds dépend de notre terrain individuel, c'est-à-dire de notre capacité à les éliminer naturellement. L'intoxication massive est rare : empoisonnements à l'arsenic ou au plomb (saturnisme). C'est l'intoxication à petites doses qui pose le plus problème.
Les métaux lourds chélatent (éliminent) les oligoéléments et créent des déséquilibres au sein de l'organisme. Ils participent à l'oxydation du corps en générant des radicaux libres et détruisent la flore intestinale. Ils affaiblissent le système immunitaire et diminuent les facultés sensorielles et intellectuelles.
Le mercure apparaît comme le plus dangereux car il potentialise les effets toxiques des autres métaux lourds. On parle d'effet cumulatif. En 2013, un premier accord mondial contre le mercure a été signé par 120 pays, à Manamata, pour interdire le mercure dans les thermomètres, les tensiomètres, les crèmes et lotions cosmétiques, les lampes fluorescentes et les instruments de mesure. Aucune décision n'a été prise concernant les amalgames dentaires.
Le cyanure de mercure était largement utilisé au Moyen Age et à la Cour de France comme anti-infectieux en cas de syphilis. C'est le métal le plus étudié car on le retrouve partout : amalgames dentaires par un relargage permanent, conservateur des vaccins (thiomersal), air pollué par les usines, les épandages et les crémations, produits de nettoyage des verres de contact, poissons et mollusques, eau du robinet, encres d'impression ...
La dose hebdomadaire jugée acceptable par les autorités sanitaires européennes a été fixée à 1,8 ug par kg de poids corporel et par semaine. On parle de Dose Sans Effet Délétère Observable (DSEDO). Si vous êtes un très gros consommateur de poissons, cette dose peut être facilement dépassée, surtout avec ceux de fin de chaîne alimentaire (espadon, requin, bonite, barracuda, thon ...) ou à croissance lente (flétan). C'est pourquoi, il est conseillé de consommer des petits poissons (anchois, sardines, maquereaux, harengs ...), de diversifier les espèces ou de se supplémenter en huiles de poissons de qualité pour bénéficier des Omega-3, sans souffrir des effets néfastes du mercure. La dépose des amalgames dentaires nécessite un protocole rigoureux à faire effectuer par un dentiste formé.
A lire :
"Sang pour sang toxique". Jean-François Narbonne. 2016. Editions Thierry Souccar